les Chevaliers de Cupidon
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 Tranches de vie

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yulinda
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yulinda


Nombre de messages : 27
Date d'inscription : 23/12/2008

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MessageSujet: Tranches de vie   Tranches de vie Icon_minitimeMar 3 Mar 2009 - 13:39

Premières années

Quelque part, dans une campagne sauvage habitée d’hommes et de femmes arrachant chaque jour leur pain à la terre, dans une maisonnée guère plus pauvre que celles environnantes, mais pas plus riche non plus, aux premières pâles lueurs d’une journée d’automne, un bébé prend sa première inspiration. Un seul petit cri à cette première goulée d’air humide, Yulinda, première fille de cette famille d’humbles paysans n’était déjà pas enfant à gaspiller ses larmes…

- Femme, te voilà bien heureuse, une fille pour t’aider à la soupe, toi qui chaque année m’as apporté un fils, dont les aînés ont déjà deux bras solides pour le travail de ferme, tu pourras ainsi te reposer.

De repos, avec un homme et déjà cinq garçons à nourrir et vêtir, avec les trois vaches à mener au pré et la basse-cour à s’occuper, la brave femme n’en avait guère. Mais en ce pays, il n’est point à la mode de fainéanter et l’on tâche de s’accomoder des petits plaisirs de la vie, cette première fille en était et les paroles de son gaillard de mari, dures pour une oreille étrangère à cette contrée lui réchauffaient le cœur. Quelle chance elle avait d’avoir un homme si bon à ses côtés…


…Le lendemain…

A quelques lieues de là, trois religieuses vivaient une paisible retraite dans une grande maison vouée à leur culte. En prières, chants, et quelques occupations quotidiennes concernant principalement la préparation des repas et la confection de conserves remplissant les caves, leurs saisons s’écoulaient dans une heureuse tranquillité. Au petit jour, sœur Aymelyne, la plus jeune des trois, se rendait comme chaque matin aux latrines au fond du jardin lorsqu’elle buta contre un panier… contenant un nouveau né simplement enveloppé d’un linge, ainsi qu’un rouleau de parchemin… Comment Aderyu était-il arrivé là, nul ne le sut jamais. Mais ses premières années changèrent radicalement la vie de ces trois vieilles femmes, faisant résonner l’antique batisse de rires et de galopades, d’un tempérament hardi et joyeux mais toujours serviables envers ses trois mamies qui pourtant lui passaient toutes ses bêtises…

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Deux enfances et deux destinées bien différentes que celles de ces deux enfants pourtant arrivés au même endroit au même moment, mais l’une et l’autre s’entrecroisant, ces deux-là devinrent rapidement les meilleurs amis du monde, s’échappant ensemble dès que possible dans l’une de leurs cachettes secrètes, rivalisant à la course et à l’escalade où Yulinda se révélait première d’une courte tête, aussi bien qu’en acrobaties de toutes sortes dans lesquelles Aderyu excellait…

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L’année suivant l’arrivée de Yulinda, point de naissance en leur foyer… bien que ces familles considèrent toujours l’arrivée d’un nouvel enfant comme une bénédiction divine, sa mère n’était point insatisfaite de ce petit répit, d’autant que deux beaux petits gars firent leur arrivée sans encombre par la suite au rythme habituel d’une grossesse par an. La ‘petite’ famille se considérait donc comme heureuse au regard des normes en vigueur en cet endroit, le père arrivait à tirer de ses champs de quoi faire vivre son monde et peut-être même pourraient-ils faire l’acquisition d’un cheval de trait pour remplacer l’âne après la prochaine moisson. La mère non plus ne se plaignait pas, son mari n’étant saoul que quelques jours par mois, ses fils grandissant en force et sa petiote dotée d’une intelligence pratique la secondant déjà du haut de ses bientôt quatre ans pour la préparation des légumes et du pain. Son ventre s’arrondissait une fois de plus, preuve que la vie leur souriait…

…gémissements étouffés… cris de plus en plus forts… hurlements inhumains… ce bruit allait-il donc un jour cesser ? Yulinda se tenait sous un hangar, les mains serrées contre ses oreilles, ses yeux grand ouverts regardant depuis des heures la course du soleil dans le ciel…

puis le silence… effrayant silence… claquement d’une porte… chuchotement de femmes… pas précipités de ces mêmes femmes quittant la maison. Yulinda n’avait pas changé de position ni d’expression.

La nuit était tombée, maintenant, et la gamine était à genoux, visage fermé, au pied d’un lit où reposait le corps sans vie de sa mère et de sa soeur qui n'était pas arrivée à naître, à jamais prisonnière de ces chairs ensanglantées.
- Ne laisse pas s’éteindre la bougie, c’est très important.
- le… bébé ? avait-elle demandé. Paire de gifles en retour.
- Impertinente ! ne vois-tu pas que le malheur s’est abattu sur notre maisonnée ? veux-tu en plus attirer le mauvais œil ? surveille la bougie !

... (à suivre) ...
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